lundi, février 19, 2007

Nostalgie

Nous sommes venus il y a trois cents ans, et nous sommes restés... Ceux qui nous ont menés pourraient revenir parmi nous sans amertume et sans chagrin, car s'il est vrai que nous ayons guère appris, assurément nous n'avons rien oublié.

Nous avions apporté d'outre-mer nos prières et nos chansons : elles sont toujours les mêmes. Nous avions apporté dans nos poitrines le coeur des hommes de notre pays, vaillant et vif, aussi prompt à la pitié qu'au rire, le coeur le plus humain de tous les coeurs humains : il n'a pas changé. Nous avons marqué un plan du continent nouveau, de Gaspé à Montréal, de Saint-Jean-d'Iberville à Ungava, en disant: ici toutes les choses que nous avons apportées avec nous, notre culte, notre langue, nos vertus et jusqu'à nos faiblesses deviennent des choses sacrées intangibles et qui devront demeurer jusqu'à la fin.

Autours de nous, des étrangers, qu'il nous plaît d'appeler des barbares ; ils ont pris tout le pouvoir; ils ont acquis presque tout l'argent ; mais au pays du Québec, rien n'a changé. Rien ne changera, parce que nous sommes un témoignage. De nous-mêmes et de nos destinées nous n'avons compris clairement que ce soir-là. persister ... nous maintenir.. Et nous nous sommes maintenus, peut-être afin que dans plusieurs siècles encore le monde se tourne vers nous et dise "Ces gens sont d'une race qui ne sait pas mourrir"

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Extrait de Maria
Chapdelaine (1914) de Louis Hémon
Je sais pas si c'est bien "fair" tout ça avec le copyright et tout et tout mais j'avais envie d'écrire ce petit bout de texte que j'ai découvert aujourd'hui en cours de littérature. Pour votre culture personnelle, ce texte fait parti de ce qu'on appelle: le terroir critiqué. Si, si c'est mon professeur qui me l'a dit! On racontera ce qu'on voudra, c'est peut-être pas toujours utile mais tout au moins, c'est divertissant!

Si jamais il y avait un problème juste me messager avant de me lapider.

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